En fait, le premier acériculteur au monde à avoir obtenu la certification FSC affirme qu’il vient de connaître la meilleure saison de ses 45 ans en affaires. « Nous avons terminé la saison avec entre 400 et 500 gallons [entre 1500 et 1900 litres] d’or liquide », explique Gary. Son équipe produit entre 950 et 1135 litres (250-300 gallons) au cours d’une saison moyenne.

Maple Ridge Farm

Gary perpétue l’héritage de sa famille, soit la production d’or liquide (sirop d’érable) sur les 147 hectares appartenant à Maple Ridge Farms à Cornwall, dans l’est de l’Ontario, au Canada, depuis la signature de l’acte de titre original en 1850.

Aujourd’hui âgé de 72 ans, Gary vient juste de passer près de trois mois dans sa cabane à sucre située à un mille à l’intérieur du bois. Sa cabane à sucre est munie d’un puits pour l’eau, d’un poêle à bois pour le chauffage et de deux chambres à coucher où l’équipe peut dormir au besoin. « Nous ne quittons qu’une fois que toute la sève de la journée a été réduite en sirop d’érable », explique-t-il.

C’est un travail difficile. Les travailleurs marchent souvent dans la neige jusqu’à la taille au début du printemps. Chaque arbre est entaillé et un système d’aspiration sous vide y est installé pour recueillir la sève, laquelle est ensuite acheminée par un réseau de tuyaux jusqu’à l’évaporateur et aux chaudières fonctionnant au bois. Il tire la sève de quelque 4000 entailles sur 3000 arbres et sa cabane à sucre est alimentée par un total de 40 kilomètres de tuyaux. C’est à la cabane où la sève est bouillie et réduite en sirop.

Pendant les jours où la sève coule, Gary et son équipe de quatre à six employés doivent parfois travailler de 7 heures du matin à 10 heures du soir. « Si la sève coule abondamment, il n’est pas inhabituel de devoir travailler toute la nuit », dit-il.

« À l’approche de la pousse des premières feuilles dans les arbres, la sève devient plus foncée… Vient ensuite le moment où la saison prend fin, car l’arbre est sur le point de bourgeonner et la sève devient amère au goût. » C’est la fin de l’alimentation en sève, mais le travail ardu est alors loin d’être terminé.

D’abord, les tuyaux et l’équipement doivent être nettoyés. Ensuite, le sucre est transformé pour produire des friandises et du beurre d’érable. Enfin, il y a toutes les activités d’emballage, de marketing et de planification en vue de la récolte du printemps suivant. La ferme propose des activités pédagogiques aux visiteurs, pour leur expliquer ce que signifie la certification et pourquoi c’est important.

Gary Ivens checks on his maple trees

Gary vend son sirop et ses produits de l’érable au Canada, aux États-Unis ainsi qu’en Europe et jusqu’en Australie. Il se sert du logo du FSC comme outil promotionnel. « Les gens connaissent le FSC… et savent ainsi que le sirop qu’ils achètent provient d’une forêt bien gérée. »

Cependant, la certification ne concerne pas que les ventes. « Ça concerne tout ce que nous faisons dans la forêt, explique Gary. Me lancer dans le processus de certification m’a forcé de protéger ma terre à bois encore plus consciencieusement. »

« Par exemple, nous avons cessé de chasser sur la terre, trouvé des aires pour tous les chevreuils, enregistré tous les chevreuils à des fins de monitorage, identifié les arbres devant être abattus et repéré de nouveaux érables à entailler. Si le plan forestier du FSC n’existait pas, nous n’aurions pas pu faire tout cela. »

Maple Ridge Farm

Maple Ridge Farms est membre de la Forêt modèle de l’Est de l’Ontario (EOMF), laquelle avait obtenu son certificat de groupe en aménagement forestier du FSC via le programme SmartWood de la Rainforest Alliance en 2003. La certification de groupe réduit les coûts et le fardeau administratif associés à l’obtention de la certification pour les petits propriétaires.

Scott Davis, coordonnateur de la certification forestière pour l’EOMF, a été témoin de la croissance de l’organisme sans but lucratif, lequel gère aujourd’hui un programme de 84 000 hectares par rapport à seulement 20 hectares en 2000. Y sont associés aujourd’hui plus de 130 propriétaires privés et de nombreuses forêts communautaires.

En 2007, l’EOMF a élargi la portée de son certificat du FSC du bois au sirop d’érable, et la forêt de Gary a été la première à être certifiée en 2009. Aujourd’hui, les membres de l’EOMF incluent cinq acériculteurs certifiés FSC. Ensemble, ils produisent quelque 22 000 litres de sirop annuellement.

Tapping Maple Trees

Et Gary est loin de manquer de projets. Il a l’intention de retenir les services d’un marqueur d’arbres professionnel qui choisira les arbres qui seront abattus dans son érablière pour servir de bois de chauffage. Ce sont de vieux arbres qui ne produisent plus beaucoup de sève. « Cela fait partie de la gestion d’une forêt », dit-il.

« Mon but est de préserver ma forêt familiale pour les générations futures », ajoute-t-il. Cela et d’ajouter un peu de sucré à la vie, un gallon à la fois.