À environ sept heures au nord de Montréal en voiture se trouve la ville québécoise de Chibougamau, nichée au cœur du Bouclier canadien oriental et de ses luxuriantes forêts boréales. Le moteur de l’économie de cette petite ville de 7 600 habitants a toujours été les riches ressources naturelles qui l’entourent. L’importance de l’exploitation forestière pour la ville est d’ailleurs évidente dans ses armoiries, au centre desquelles se trouve un trio d’épinettes.

Ici, depuis plus d’un siècle, une compagnie familiale d’aménagement forestier est une clé de voûte de la communauté. Elle emploie plus de 1 000 travailleurs à l’échelle de la province et est en voie de devenir l’un des plus importants fabricants nord-américains de poutrelles en I et de bois lamellé-collé et lamellé-croisé. Ce sont les Chantiers Chibougamau, aussi connus sous le nom de Nordic Structures, une entreprise québécoise qui prospère et poursuit sa croissance. En effet, les Chantiers Chibougamau ouvriront cet automne une usine nouvellement revitalisée qui générera 300 emplois dans la communauté et produira chaque année 300 000 tonnes de pâte kraft.

La réputation de l’entreprise ne dépend toutefois pas uniquement de ses produits forestiers de grande qualité. Elle est aussi intimement liée à la préservation des forêts et à ses pratiques d’exploitation durable des petites épinettes noires de la région.

Les Chantiers Chibougamau ont d’ailleurs été la première grande compagnie d’aménagement forestier au Canada à embrasser la norme du Forest Stewardship Council, élaborée il y a un an pour répondre aux besoins urgents liés aux forêts canadiennes.

La nouvelle norme du FSC établit la marque la plus exhaustive pour l’aménagement forestier responsable au Canada. Elle unit tous les efforts régionaux en matière de durabilité et est maintenant mise à jour pour refléter les enjeux pressants comme la crise du caribou des bois, les droits des peuples autochtones, les droits des travailleurs (y compris l’équité des genres), la conservation et l’aménagement des paysages.

Témoignage de leur mission en matière de durabilité, les Chantiers Chibougamau se sont assurés que 2,4 millions d’hectares de terres répondaient à la nouvelle norme, un jalon majeur pour le FSC, qui vise à certifier 100 millions d’hectares d’ici 2025.

Cette transition s’est faite naturellement puisque les valeurs de base de l’entreprise s’alignent avec la mission du FSC, à savoir la promotion de pratiques d’aménagement forestier qui sont saines sur le plan environnemental, bénéfiques sur le plan social et rentables sur le plan économique. Malgré les rumeurs qui circulaient dans l’industrie et qui voulaient que la nouvelle certification soit difficile à obtenir, les Chantiers Chibougamau y ont vu une occasion d’apprendre, de grandir et de s’assurer que leurs activités, et les forêts dont elles dépendent, résisteront à l’épreuve du temps.

La compagnie a entrepris les démarches pour obtenir la certification du FSC en 2007, reconnaissant qu’une crédibilité externe était importante pour valider sa raison d’être et son statut de chef de file de l’industrie. Deux ans plus tard, elle avait pleinement intégré la nouvelle norme dans ses pratiques de foresterie.

« La norme du FSC nous offre des balises et des pratiques exemplaires importantes qui renforcent qui nous sommes et la direction que nous voulons adopter en tant qu’entreprise, explique Frédéric Verreault, directeur exécutif, développement corporatif. Si répondre aux exigences de la norme était trop facile, ça n’aurait pas le sens que ça a. »

Les Chantiers Chibougamau constatent que beaucoup de leurs clients demandent des matériaux spécialisés certifiés FSC. Au cours de la dernière décennie, la certification est passée d’un avantage à une exigence importante.

« Pour une personne qui ne nous connaît pas, la certification FSC indique que nous sommes dignes de confiance. Dans nos rencontres avec des clients potentiels, nous leur disons d’emblée que nous avons la certification FSC et que nous pouvons démontrer notre empreinte carbone enviable, affirme M. Verreault. Cela a grandement contribué à notre réussite en nous permettant de répondre aux besoins du marché d’aujourd’hui. »

Par-dessus tout, les Chantiers Chibougamau savaient qu’ils avaient une responsabilité envers leur communauté et qu’ils devaient assurer la santé des forêts et travailler consciencieusement avec les peuples autochtones de la région. Réussir et répondre aux normes de responsabilité du FSC allaient de pair.

« Nous tirons une grande fierté de nos relations solides avec la nation crie locale, indique M. Verreault. Des Aînés aux trappeurs, en passant par les entrepreneurs cris, nous collaborons pour atteindre un équilibre entre nos modes de pensée industriels et le mode de vie traditionnel. »

Il explique que de tous les éléments de la nouvelle norme, la protection du caribou des bois a été le plus grand défi. « La science et les données évoluent tout le temps, et il était important de mettre en balance les besoins des peuples autochtones et des groupes environnementaux, ainsi que nos propres objectifs de production, explique M. Verreault. Pour nous aider à rester sur la bonne voie, le FSC nous a fourni une séance d’orientation très informative sur le caribou. »

Il est très approprié que Chibougamau veuille dire « lieu de rassemblement » en cri, puisque cette ville prospère du Québec continue d’être un important lieu de rencontre entre la faune et l’urbanité ainsi que tous les résidents qui en dépendent. Le fait que les Chantiers Chibougamau aient choisi son nom en honneur de la communauté où ils exploitent leurs activités est aussi très approprié et reflète le respect de l’entreprise pour les écosystèmes locaux qui sont inscrits dans son ADN.

Cette entreprise familiale est un véritable modèle qui montre comment les compagnies peuvent être des gardiennes de la terre et des partenaires des peuples autochtones tout en innovant, en grandissant et en restant un flambeau entrepreneurial pour leur région.

En 2019, par exemple, les Chantiers Chibougamau ont obtenu des fonds du gouvernement pour la conception de deux salles de classe modulaires en bois massif pour une école locale, un projet que ses travailleurs ont bâti en seulement deux mois. C’était la première fois au Québec qu’une salle de classe modulaire était construite de bois massif, une nouvelle innovation dans la lutte contre les changements climatiques puisque le bois est un matériau à l’empreinte carbone relativement faible. En plus, en stockant le carbone, le bois massif réduit les émissions de gaz à effet de serre. À ce jour, les deux classes ont capté environ 80 tonnes d’émissions, ce qui équivaut aux émissions produites par 20 voitures pendant une année entière. Ce projet local a été si bien reçu que les Chantiers Chibougamau ont été invités à réaliser des dizaines de projets semblables au cours des prochains mois.

Cette histoire est celle d’une compagnie d’aménagement forestier située dans une petite ville. Son succès découle de son engagement à bien faire les choses pour ses résidents, ses travailleurs et le couvert forestier qui l’entoure. Comme le FSC, elle s’assure que les forêts répondent aux besoins sociaux, écologiques et économiques des générations actuelles et futures en conservant des forêts pour tous, pour toujours.