Le 13 novembre 2015

Monsieur André Tremblay,

Vous m’avez fait parvenir le 28 octobre dernier une lettre signifiant les craintes des membres de votre Association en ce qui a trait au maintien des approvisionnements en bois pour l’Industrie forestière au Québec et ce, en relation à la résolution dite 65 sur les paysages forestiers intactes de FSC International.

D’entrée de jeu, j’aimerais clarifier le fait que FSC est très sensible au fait que l’accès à un approvisionnement en bois adéquat est essentiel afin d’assurer un climat économique viable à long terme pour l’industrie forestière. Nous avons en commun la même préoccupation pour le maintien de la viabilité des communautés et des emplois qui dépendent du secteur forestier au Québec.

Nous reconnaissons les éléments énumérés dans votre lettre décrivant les diverses baisses d’approvisionnement en bois que le Québec a connu lors des dix dernières années. Toutefois, ce n’est pas seulement les réductions de volume qui ont contribuées à la fermeture d’usines dans les dernières années mais aussi la situation économique, telle la récession aux États-Unis en 2007.  Ainsi, malgré la baisse de volume observée au cours des dernières années, certaines attributions de volume de bois n’ont pas été récoltées à 100%. Il est impératif de reconnaitre que FSC n’a rien à voir avec cette l’évolution de cette situation au cours de la dernière décennie. 

Par contre, nous sommes étonnés du bien-fondé de votre lettre à ce stade-ci. Il n’y a certainement aucune urgence ou menace immédiate à l’application de la résolution 65 sur les paysages forestiers intacts au Québec. Depuis l’année dernière, FSC Canada a mis en place un processus robuste afin d’établir des solutions pragmatiques et équilibrées concernant la mise en place de cette résolution au Canada et ce,  d’un océan à l’autre. 

Ainsi, plusieurs étapes ont été réalisées, notamment :

  • Recherche dans la littérature scientifique.
  • Groupe d’expert technique au Canada.
  • Analyse d’écarts avec les exigences actuelles de la norme (modalités caribou, hautes valeurs de conservation (HVC), aires protégées, etc.).
  • Discussions en continues avec divers groupes et organismes.
  • Discussion au niveau international avec les autres pays ayant des paysages forestiers intacts (PFI).
  • Groupe de travail au niveau international sur les HVC, incluant les PFI. Il y a un représentant canadien sur le groupe de travail.
  • Discussion  dirigée en mai dernier, avec des représentants désignés des 4 chambres de FSC Canada.
  • Rencontre d’information sur l’état d’avancement et discussion par petits groupes sur des questions clés (novembre).

Et plusieurs étapes restent à venir:

  • Consultation de 30 jours portant sur un document  comportant des questions clés.
  • Sommet sur le PFIs au niveau international à Bonn la semaine du 30 novembre.
  • Atelier de discussion et débat de fond en février 2016.
  • Études de cas dans diverses provinces canadiennes et évaluation des impacts.

FSC Canada va émettre d’ici la fin de novembre 2015 la première mouture tant attendue de la nouvelle norme nationale d’aménagement forestier. Celle-ci sera accompagnée de près par un document d’information concernant le concept des paysages forestiers intacts. Suite à une période de consultation, il y aura une  intégration de ce concept dans la deuxième ébauche de la norme au printemps 2016, laquelle fera aussi l’objet d’une autre période de consultation. C’est l’intention de FSC Canada de finaliser la nouvelle norme avant la fin de 2016.

La certification FSC n’a pas avantage à mettre des exigences pour faire disparaitre l’industrie forestière.  La certification forestière existe afin d’être en mesure d’exploiter la forêt de façon responsable mais cela doit être réalisable sinon il n’y aura pas  de certification et les objectifs de la certification ne seront pas rencontrés.

Depuis plus de 20 ans, FSC a construit un standard international de certification volontaire qui représente la seule norme crédible mondialement reconnue et en vigueur dans plus de 80 pays. Avec ses 800 membres, ses 30 000 détenteurs de certificats et ses 183 millions d’hectares certifiés, il est facile de comprendre pourquoi à l’échelle internationale, c’est la seule norme qui fait autant le consensus démocratique au sein de la société civile entre les industriels, les consommateurs, les syndicats, les communautés locales et autochtones et les environnementalistes.

Avec 49% de son territoire forestier sous aménagement qui est certifié sous la norme FSC, le Québec démontre qu’il est en mesure de rencontrer les exigences de la norme. Nous demeurons convaincu que FSC constitue un atout indispensable pour l’industrie forestière du Québec pour afficher sa crédibilité, via l’intermédiaire d’une tierce partie indépendante, afin d’accéder à un marché de plus en plus exigeant à l’échelle mondiale. Il est devient difficile de se démarquer sur la scène internationale et la certification FSC offre un avantage compétitif indispensable. 

FSC fait partie de la solution pour l’avenir de l’industrie forestière au Québec afin d’assurer des emplois durables à long terme.

Veuillez accepter, Monsieur le Président-directeur général, l’expression de mes sentiments les meilleurs,


Le Président,

François Dufresne