Women of FSC North America
De gauche à droite: Sarah Kutulakos, Sarah Billig, Monika Patel

Sarah Billig, Monika Patel et Sarah Kutulakos partagent une profonde appréciation de la préservation, de l’intendance et de la conservation et sont aujourd’hui les principales voix prônant une gestion durable des forêts.

Sarah Billig, présidente du FSC aux États-Unis (FSC U.S.), se souvient que c’est la lecture d’Almanach d’un comté des sables (A Sand County Almanac) d’Aldo Leopold lui avait ouvert les yeux sur l’importance de la conservation. Elle a été attirée par l’action et la capacité à gérer de manière durable les ressources naturelles au bénéfice de la faune, des communautés, des personnes et des écosystèmes. « C’est ce qui m’a menée à la foresterie et au FSC, soit à l’intersection de la science, de la durabilité et de l’incidence concrète. »

Monika Patel, PDG du FSC Canada, affirme que son cheminement de carrière a également été façonné par son amour de la nature, et ce, dès son enfance, alors qu’elle s’adonnait à des randonnées familiales en forêt les week-ends. « Très tôt, j’ai été fascinée par ce qui liait la nature et les humains », dit-elle, ajoutant du coup que le FSC lui a permis de rencontrer diverses personnes inspirantes aimant la forêt autant qu’elle.

Sarah Kutulakos est la directrice régionale du FSC pour l’Amérique du Nord; elle a été attirée par la portée et la particularité de la mission de l’organisation. « Passer du temps à Bornéo, en Indonésie, et en Amazonie péruvienne m’a fait prendre conscience de l’éloignement, de la complexité et de l’importance de ces écosystèmes, explique Sarah. Que les forêts soient très près ou très loin de nous, elles ont toutes besoin d’être protégées. »

Pour célébrer la Journée internationale des femmes (JIF) et Mois de l'histoire des femmes, nous nous sommes entretenus avec chacune d’elles au sujet de la conservation et du leadership qu'elles exercent dans leurs fonctions respectives. Toutes ont convenu qu’il faudra un engagement commun de l’ensemble de la société à l’égard de la protection de nos forêts pour que les pratiques durables deviennent la norme.

Alors que la déforestation et le changement climatique persistent, quels sont les défis que nous sommes appelés collectivement à relever?

Sarah B. : Le défi le plus important est notre incapacité à considérer les forêts pour ce qu’elles sont vraiment. Une forêt florissante est non seulement une ressource à exploiter ou un paysage à préserver, mais aussi un système vivant qui doit être géré de manière responsable en continu et faire l’objet de pratiques durables. Sans cet équilibre, les forêts sont vulnérables à l’exploitation illégale du bois, à l’utilisation imprudente des terres et à des incendies de forêt d’origine climatique.

Monika : Je suis tout à fait d’accord, surtout en ce moment critique où nous sommes confrontés à l’impact du changement climatique et à la perte de biodiversité. La norme nationale d’aménagement forestier du FSC, qui évolue continuellement, est conçue pour répondre à ces défis complexes et, face à des pressions environnementales croissantes, elle doit devenir un outil essentiel pour toutes les organisations actives dans la gestion des forêts.

Sarah K. : Fort de sa norme, le FSC offre une voie vers le développement de solutions intégrées. La plus grande menace qui pèse sur nos forêts est l’approche fragmentée que nous adoptons pour les gérer. Nous devons éviter la pensée cloisonnée et adopter une perspective globale dans laquelle nous reconnaissons que les facteurs environnementaux, sociaux et économiques sont interconnectés. Et nous devons le faire ensemble : gouvernements, peuples autochtones, collectivités locales, entreprises et organismes de conservation.

Quel est le rôle de la certification?

Sarah B : Les forêts certifiées sont importantes parce que les preuves sont importantes. La certification est l’assurance que les produits du bois proviennent de forêts gérées de manière durable et que les travailleurs sont traités de manière équitable. C’est important parce que la certification offre à tout le monde un moyen simple et puissant de faire une différence.

Monika : C’est un pouvoir qui réside dans le fait que la certification forestière du FSC constitue un véritable moyen de lutter contre la déforestation, de protéger la faune et la flore et de favoriser la santé des écosystèmes. Pour les entreprises, la certification ouvre la voie à l’atteinte d’objectifs de développement durable, à l’atténuation de risques de réputation et à la possibilité d’offrir aux consommateurs les produits d’approvisionnement responsable qu’ils demandent.

Sarah K. : Absolument, le logo du FSC offre aux particuliers et aux entreprises un choix clair ainsi qu’un moyen de contribuer à la sauvegarde de notre environnement, à la protection de la biodiversité, au soutien de pratiques de travail équitables et au respect des droits des peuples autochtones. Non seulement c’est la bonne chose à faire, mais aussi c’est aussi bon pour l’économie.

Que signifie pour vous le fait d’occuper un poste de direction dans une industrie historiquement dirigée par des hommes?

Monika : Outre cette occasion formidable, être une dirigeante dans ce secteur d’activité est une responsabilité. Je ressens l’honneur d’occuper un poste qui, de par sa nature même, remet en question des normes et peut ouvrir la voie à d’autres femmes pour qu’elles se joignent à leur tour à cette mission collective.

Sarah K. : Je partage certainement le sentiment que c’est à la fois un honneur et une responsabilité. C’est en dirigeant avec intégrité et compétence et en nous engageant à l’égard de l’excellence que nous pouvons créer un espace où tout le monde se sent habilité à apporter ses talents et à réaliser tout son potentiel.

Sarah B : Depuis plus de 25 ans, j’ai le privilège d’apprendre de mentors – des hommes et des femmes – qui ont contribué à façonner mon parcours en foresterie. Je suis ravie que le paysage évolue et que je prenne des responsabilités à un moment où les femmes sont plus nombreuses que jamais à s’imposer dans ce secteur d’activité. L’avenir de la foresterie est diversifié, dynamique et rempli de possibilités, et je tiens à en faire partie.

Qu’est-ce qu’une perspective féminine apporte à ce secteur?

Monika : Souvent, dans une perspective féminine, l’accent est mis sur la collaboration, l’empathie et l’inclusion qui, lorsqu’il est question de la gestion des forêts, sont essentielles pour aborder des questions environnementales et sociales complexes.

Sarah B. : Je me fais l’écho de Monika et je pense que les dirigeantes et dirigeants de tous les secteurs doivent donner la priorité à l’inclusion et à l’empathie, particulièrement à l’endroit de celles et ceux qui ne se sentent pas entendus. Le leadership est au plus solide lorsque nous favorisons une culture au sein de laquelle les gens se sentent en sécurité, soutenus et habilités. C’est une perspective que, selon moi, les dirigeantes et la diversité des voix apportent au secteur.

Sarah K. : C’est une question difficile, et chaque personne est différente, mais je pense que les femmes qui exercent un leadership excellent dans la recherche de consensus, car elles s’efforcent de trouver des terrains d’entente, redoublent d’inclusivité pour créer un fort sentiment de communauté et trouvent des solutions créatives pour équilibrer des priorités concurrentes.

Que devrions-nous faire pour reconnaître au mieux la JIF?

Sarah K. : C’est l’occasion de célébrer nos réussites, de reconnaître nos défis et de réaffirmer notre engagement à contribuer à bâtir un avenir inclusif. Aux femmes qui aspirent à travailler en foresterie, je leur conseillerais de donner libre cours à leur passion, de ne pas avoir peur de partager des perspectives uniques, de persévérer dans leur cheminement de carrière et de réseauter avec le plus grand nombre de personnes possible afin de construire un réseau solide.

Sarah B. : Oui, et cela nous rappelle qu’il ne faut jamais cesser d’aller de l’avant, surtout lorsque le chemin à parcourir nous semble incertain ou que les possibilités nous semblent hors de portée. Faites preuve d’ouverture, nourrissez votre curiosité et saisissez la prochaine occasion lorsqu’elle se présentera! La croissance est le fruit de sauts audacieux, et le monde a besoin de plus de femmes intrépides prêtes à faire ces sauts.

Monika : La JIF est l’occasion pour nous de célébrer les contributions des femmes dans notre secteur d’activité et dans la gestion des forêts; pour les organisations, c’est l’occasion de reconnaître l’ampleur du travail à accomplir à plus grande échelle pour garantir l’égalité hommes-femmes. Pour moi, c’est aussi un rappel que ça prend une diversité de perspectives pour relever des défis complexes.